mercredi 2 mars 2016

Trouville sur Mer: Quatre Mairies 1850-1851-1858-1912


Façade de la mairie
Projet Lefèvre, 1850.

Depuis 1845, les séances du conseil municipal se tenaient dans un local meublé d'une maison rue du Commerce mise à disposition par le comte d'Hautpoul.

La réunion de Trouville et de Hennequeville en 1847 pose la question de la nécessité de construire une mairie disposant au moins d'un local pour le secrétaire et d'un bureau ouvert tous les jours au public. En 1850, plusieurs propositions sont soumises au conseil municipal; l'une d'elle émane d'un marchand de biens qui propose à l'approbation des conseilles l'acquisition de la propriété du banquier Labigne, adjacente à celle du comte d'Hautpoul. L'hôtel particulier serait transformé en mairie, le jardin converti en marché public. L'affaire ne se conclut pas. Un autre projet sur la propriété de M. Charlemagne de Boulleville d'après les plans d'Eugène Lefèvre ne connaît pas d'avantage de succès et en 1851, le comte d'Hautpoul, maire depuis 1845, commande à l'architecte Alphonse Henry de Gisors (son voisin sur le quai de Paris dont il rachète la maison dite "hollandaise" la même année) un projet de mairie et un projet de marché couvert en bois ou en fonte, tous deux à édifier sur la Cahotte. Le devis et les plans de l'architecte sont présentés au conseil municipal le 10 novembre 1851 par le maire qui précise que si le projet est évidemment plus coûteux que celui établi l'année précédente par l'architecte-ingénieur Lefèvre sur le terrain de Boulleville, les conditions et les résultats sont différents: le terrain appartient cette fois à la municipalité et le projet de Gisors présente un caractère monumental et des surfaces utiles que n'avait pas le projet Lefèvre. Le conseil municipal adopte le choix de l'emplacement tout en constatant que la commune ne peut cependant se permettre d'entreprendre de si vastes bâtiments. Mais étant donné que de Gisors a conçu un projet exécutable en plusieurs phases, le conseil adopte les plans et les devis présentés pour le corps de bâtiment central. Opposition de l'administration départementale? du Ministère des Travaux Publics? Sous-évaluation des coûts? Désintérêt de l'architecte entièrement occupé à partir de 1852 par l'installation du Sénat au Palais du Luxembourg? Changement politique? (d'Hautpoul n'est maire que jusqu'en mars 1852). Quelles que soient les raisons, le projet ne fut pas réalisé. Le principe d'une mairie sur la Cahotte sera repris en 1858 sous le mandat du baron Clary qui s'adresse alors à l'architecte parisien Adolphe Azemar. Celui-ci dépose un projet de mairie et de hangar le 22 janvier 1858. En raison du dépassement des devis initiaux, la mairie ne sera terminée qu'en 1862.

La construction du nouveau casino municipal sur la Cahotte à partir de 1911 entraîne la démolition de la mairie d'Azemar. Après avoir envisagé l'aménagement de l'ancien hôtel particulier du comte d'Hautpoul en mairie, le conseil municipal opte pour la construction d'une nouvelle mairie le long du quai à l'emplacement de la maison de Gisors.

Un concours d'architecture fut organisé et les architectes parisiens Laurent et Paul Farge remportèrent le premier prix et se virent confier l'exécution de l'édifice.

LE PROJET DE 1850 Eugène Lefèvre, architecte

En 1850, Eugène Lefèvre, architecte à Pont-l'Evêque, auteur des plans généraux de Trouville et Hennequeville de 1846-1847, dresse un projet d'aménagement de l'îlot compris entre la rue St-Michel, une rue projetée (la rue St-Germain), la rue de la Mer (aujourd'hui Paul Besson) et la rue Charlemagne (absorbée en 1902 dans la percée de la rue Victor Hugo).
Projet séduisant par son échelle, la variété de son programme - un petit centre civique- et par le choix de donner à chaque élément du programme une expression propre plutôt que de tout rassembler dans un seul édifice comme on le fera en 1912 lors de la restructuration de la Cahotte. La mairie qui occupe le centre du terrain est entourée sur trois côtés par le marché couvert. Le quatrième coté est réservé au bâtiment des pompes et à la gendarmerie, cette dernière résultant de l'approbation et du liaisonnement de deux maisons existantes.

Plan de la propriété de M. Charlemagne de Boulleville. Dressé par Celinski le 17 août 1850.
Elle est principalement composée d'un chantier, de hangards et de quelques maisons.
 
Projet d'une gendarmerie, d'un corps de garde, d'un magasin, pour les pompes, d'un marché couvert et d'une mairie. Premier étage.

Cadastre de l'îlot en 1988. La partie gauche a été partiellement emportée lors du percement de la rue Victor Hugo.

Façade latérale de la mairie.

Façade des deux maisons existantes qu'Eugène Lefèvre propose de transformer en gendarmerie.

Façade de la gendarmerie après rectification.

LE PROJET DE 1851 Alphonse Henry de Gisors, architecte

Le projet est soumis au conseil municipal du 10 novembre 1851. L'architecte en est Alphonse Henry de Gisors (1796-1866), ancien élève de Percier et Fontaine. Trouville, dit le comte d'Hautpoul en présentant le projet aux conseillers, exige aujourd'hui des sacrifices pour lui conserver cette vogue et cet intérêt qui s'attachent aux cités naissantes, vogue et intérêt qui durent, se traduisent chaque année en profits considérables pour les habitants [...] c'est un monument public qu'il nous faut, l'édifice étant situé sur le plus bel emplacement de la commune et sur le passage constant de la population tant sédentaires qu'étrangère (extrait du registre des délibérations du conseil communal).

Le projet se compose d'un marché couvert en forme d'équerre qui contient l'espace de la place publique devant la mairie et d'une mairie comprenant un corps principal dont la façade est située dans l'axe du quai Vallée et un anneau de bâtiments d'un seul niveau; l'ensemble des constructions délimitant une cour intérieure.

L'ambiance générale du projet est néo-classique avec une interpolation de quelques motifs de la Renaissance (lucarnes passantes, traitement de la toiture du corps central, ...) tandis que le campanile est composé d'une manière plus libre.

L'idée du campanile avec une plateforme d'observation, abandonnée dans le projet ultérieur d'Azemar, sera reprise et exécutée lors de la construction de l'hôtel de ville de 1911.

Plan de situation de la mairie et du marché couvert. Projet de Gisors, novembre 1851.

Plan du rez-de-chaussée.

LE PROJET DE 1858 Adolphe Azemar, architecte

Azemar n'implante plus la mairie dans l'axe du quai comme de Gisors, mais parallèlement à la façade de l'Hôtel Bellevue. Le premier projet soumis au conseil municipal situait le hangar à droite de la mairie, lors de l’exécution il fut édifié a sa gauche afin que le corps de garde des douaniers put être placé de manière à faciliter la surveillance qui doit s'exercer sur divers points (lettre d'Azemar au baron Clary en date du 22 janvier 1858, Archives municipales).
La mairie fut édifiée en briques, le cahier des charges stipulant que: le soubassement tout au pourtour sera en briques noires, le rez-de-chaussée en briques rouges avec les têtes noires alternées d'une manière régulière, le premier en briques blanches et cadres de briques rouges. Les parties unies seront enduites en mortier de chaux et sable fin simulant la pierre.
La mairie fut détruite au moment de la construction du nouveau casino municipal en 1912.

Façade principale de la mairie. Projet n°1.
(Superposé au lavis: l'ébauche d'un campanile).

Elévation de la façade sur la place de la Cahotte.

Mairie, hangar et promenade. Plan d'implantation
Premier projet, 1858. Azemar architecte.

Le hangar et la mairie vers 1880.

La Cahotte avec le hangar et la mairie, vers 1890.

L'HOTEL DE VILLE DE 1911 Laurent et Paul Farge, architectes

La forme triangulaire du terrain a conduit les architectes à créer une entrée en forme de rotonde disposée à cheval sur le plan coupé à l'intersection du boulevard Fernand Moureaux et de la rue Amiral de Maigret.

Les divers services municipaux sont tous desservis par un hall central avec une galerie en encorbellement au premier étage, l'escalier d'honneur se trouvant à l'extrémité du hall. Le campanille, qui surmonte la rotonde d'entrée et le cabinet du maire, comporte une plateforme d'observation.

Élévation de la façade vers la Touques.




Les nouvelles galeries, construites en 1911 sur l'emplacement de la maison d'Hautpoul.

Les nouvelles galeries et l'hôtel de ville vers 1915.




Cet article est issu de la retranscription d'un document donné par la Mairie de Trouville en 1995.

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